Le texte qui suit relate un épisode sombre de ma vie, j'y parle d'une fausse couche vécue....Je préfère vous prévenir ; à vous de voir si vous voulez aller plus loin
nous sommes fin octobre,
il y a un peu plus d'un an maintenant
je faisais une fause couche et le monde s'effondrait
je passais vraiment une très mauvais moment..
tants d'espoir en cette petite vie qui s'abritait en moi;
un prénom déjà tout trouvé;
l'intime conviction que ce serait un petit garçon, Liam...
et puis un matin au travail,
des petites pertes sanguines en allant aux toilettes ;
travaillant dans une clinique disposant d'une maternité,
j'appelle les sage femmes
et bénéficie même d'une echographie en urgence entre deux rv...
verdict; rien n'est sur; soit je me suis trompée dans mon terme
soit "le processus s'est aretté"
Les gynécos sont tellement habitués à voir des fausses couches
qu'ils ne voient pas les choses comme nous:
ils parlent de "processus"
et pour moi c'etait Liam
J'ai passé ensuite une semaine afreuse;
car je devais repasser une echo pour voir si l'embryon c'etait dévellopé ....
en attendant; chaque tressaillement dans mon ventre
chaque passage aux toilettes avec la hantise de voir du sang
etait source de stress:est ce normal,
est ce une fausse couche en préparation??
A la deuxieme echo, l'embryon a un peu grandit, mais pas autant qu'il aurait du..
la gynéco parle a nouveau de "processus" qui s'interrompt
et moi je traduis ça en : bébé est en train de mourir....
rien à f***tre qu'on parle d'embryon
pour moi, Liam agonise dans mon ventre
c'est affreux comme pensée!!!
le doc me précise que je devrais "expulser" l'embryon naturellement, et que j'aurais peut etre juste besoin de cachets pour la douleur
il ne reste qu'à attendre....
La fausse couche proprement dite aura lieu une semaine plus tard,
un samedi
une semaine abominable;une femme les nerfs à fleur de peau
et Fille Aînée qui fait les frais de mon état:
cris, aucune patience, et trois fois en une semaine;
giffle ....
Je m'en veux encore, mais je ne pouvais/savais pas faire autrement
Ce samedi 16 octobre 2006 au matin,
je reçois un coup de fil de Sébastien et Forence, qui viennent aux nouvelles
car j'ai eu une ou deux contractions hier ...
Je réponds que ça va, rien pour l'instant
A peine le téléphone raccroché, une contraction me serre le ventre
puis quelques minutes après, une autre ....
Je rappelle Flo et lui dit que je lui ammenne ma grande,
je ne veut pas qu'elle soit témoin de ma soufrance
et marcher jusqu'a chez eux me fera du bien;
la marche m'avait bien aidée à gérer la douleur pour la naissance de Fille Aînée...
(Zhomdesbois n'est pas là à ce moment; il me manque cruellement
il est en Guadeloupe et aura suivi l'annonce de la grossesse puis de la fausse couche à distance .........)
Flo habite à environ 300m de chez moi, et en chemin les contractions s'intensifient et se raprochent...je souffre le martyr , mais j'essaie de me détendre au maximum, de "m'ouvrir" pour laisser passer ce qui doit passer..
Mais je souffre vraiment, c'est bien plus douloureux que les contractions de l'accouchement de Noémie...(il est vrai que l'issue de ces contractions n'est pas du tout la même)
arrivée au coin de la rue,une énorme contraction me terrasse,
je m'arrette pour la laisser passer et
j'ai un moment de panique, je n'arriverais jamais jusqu'à chez Flo....
j'ai trop mal,
pourtant je continue pour ne pas effrayer F.A qui est dans la poussette .
Lorsque je passe le coin, je vois Flo qui vient à ma rencontre, alarmée par le temps que je mets à arriver chez elle;
je ne me suis même pas rendue compte d'aller aussi lentement ...Mais sa vue me soulage immediatement, enfin je ne suis plus seule, enfin on va m'aider...
Elle me soutient moralement jusqu'a chez elle;
et puis Sébastien, à ma demande,me dépose à la maternité,
je souffre, mais je suis encore loin de me douter de la suite...
(je crois encore dur comme fer qu'on va me donner quelques cachets et que je vais rentrer chez moi...dire au revoir à mon enfant en toute tranquilité à la maison..
Je veux pourvoir recueillir le fruit de mon ventre et l'enterrer dans la forêt)
je lui dit même de retourner chez lui, je rentrerais en tram....
je monte aux urgences et ,en larmes entre deux contractions,
je leur explique que je fais une fausse couche et je remplis mon dossier administratif
ensuite on me mets sur un lit dans un coin et un infirmier et une infirmière viennent s'occuper de moi
ils me mettent une perfusion calmante inefficace,
je souhaite continuer à marcher et là ;
l'infirmiere me prends la tête en me demandant de rester allongée..
j'essaie de lui expliquer que debout; en pietinant sur place autour du lit,
ça m'aide a gerer la douleur ; elle me rétorque que je suis sous sa responsabilité et qu'elle préfère que je sois allongée car je risque de faire un malaise
je l'envoie paître en lui disant qu'il me semble que les urgences sont l'endroit aproprié pour faire éventuellement un malaise
elle s'en va sans un mot et c'est son collègue, bien plus humain, qui prends le relais...moi qui voulait quelques cachets et rentrer chez moi, je finis sous pefusion de morphine et le doc m'annonce qu'on me fera un curetage après son dejeuner, vers 14h00 car mon col refuse de"lâcher"; de s'ouvrir...
on me monte dans un service de medecine et Je donne quelques coups de fil, pour informer de la situation
Je me sens terriblement seule
je finis par m'endormir, la morphine faisant enfin effet...
Après son déjeuner, le doc viens me chercher et c'est lui qui pousse mon lit jusqu'au bloc opératoire où on doit me faire cette aspiration sous anesthésie générale....
Au moment de m'endormir,
l'infirmière me voyant en larmes cherche à me rassurer en me disant
"je sais que vous avez peur de ne pas vous réveiller, mais vous ne craignez rien"
elle se trompe, je pleure parceque je sais que dans 20 minutes, quand je me réveillerais, mon ventre sera vide et Liam sera mort...
je voudrais rester seule un moment et lui dire au revoir mais la prémédication m'a abrutie et je ne le demande pas, on m'endors et c'est le noir qui s'abat....
Je me réveille quelques minutes plus tard en salle de réveil ; ça y est c'est fait...je n'ai pas mal;rien....juste dans les vapes..
du coin de l'oeil je vois quelqu'un en tenue de bloc sortir, un petit sac sanguinolant à la main...je pense que c'est mon bébé qu'on emporte comme un vulgaire déchet dans un sac en plastique et qu'il va finir incinéré en tant que "déchet biologique"
quelle horreur....
L'infirmière est tres gentille et me réconforte de paroles douces, je me rendors...
on me remonte dans ma chambre ou je dois attendre le feu vert du doc pour rentrer chez moi... l'aide soignante me dit que pour une aspiration, le doc ne fait pas d'arrets maladie!!!!??
je ne me vois pas retourner au boulot lundi, psychologiquement c'est impossible.....
finalement; je serais arrêttée une semaine et j'en déduit que ce sont les aspirations pour IVG qui ne sont pas suivies d'un arrêt maladie...je trouve celà injuste; la femme qui prends la décision d'avorter ne le fait pas de gaité de coeur et un peu de repos pour faire son deuil ce serait bien...
C'est Lise qui viendra me chercher à la clinique et qui me raccompagneras chez moi;
le soir, j'explique à Fille Aînée que le bébé est parti aujourd'hui, qu'il a préféré rester dans le monde des bébés et ne pas venir voir notre famille...
elle est un peu triste et déçue d'aprendre ça et m'en parleras encore pendant quelques jours...mais elle l'a bien vécu je crois...
Moi, 15 jours plus tard, j'ai à nouveau mes règles, confirmant que c'est bel et bien terminé....
Zhomdesbois est arrivée à la fin du mois de novembre;
et je n'ai plus eu de regles...
mi-décembre; un test de grossesse virait au positif et le 27 aout 2007;
Petie soeur déboule dans notre vie, avec bonheur...
Ce n'est absolument pas un bébé "de remplacement" elle à sa place, son histoire dans notre famille..
Liam aussi, j'ai gardé le test qui m'avait annoncé sa venue, les échographies de sa courte existence...
Je les garde rangés dans la boite à souvenir que j'avais achetée pour lui....
Avec stupeur je me suis aperçue que le 16 octobre 2007 est passé sans bruit, ce n'est que quelques jours après que j'ai repensé à cette fause couche....
Je n'oublierais jamais, mais je m'aperçois que j'ai fait mon chemin...
ce texte, cette "histoire" est une sorte de point final, une cicatrisation...la cicatrice reste, mais elle ne fait plus mal...
patati & patata
1. Cixi le 31-10-2007 à 12:03:50
Merci Valotte tu es adorable..
Malheureusement le sort s'acharne parfois toujours sur les memes personnes..
Biz
2. panipwoblem le 31-10-2007 à 21:09:22
cix'; c'est un peu a ton attention que j'avais mis cette "mise en garde" au début du recit d'hier....
je suis profondément décue que celà n'est pas "marché"...
j'ai beau savoir que ça marche pas comme ça; je pensais qu'en le voulant fort fort fort; ça pouvait changer les choses..mais la vie est injuste...pour Liam et aussi(surtout maintenant) pour toi...
chaudoudoux pour toi